Gaston FLEISCHEL est né à Reischoffen en Alsace le 6 octobre 1885 dans une famille d’entrepreneurs et de fabricants de bascules.
La région étant alors sous occupation allemande depuis la défaite de 1870, son père décide en 1886 de vendre ses parts de l’entreprise familiale et de rejoindre Nancy pour reprendre ses activités dans la filière bois en tant que membre de la Chambre de Commerce de Nancy.
Il finira d’ailleurs brillamment- comme Vice Président de la Fédération du Commerce de bois en France.
Gaston se révèle avoir très tôt le génie de la mécanique et passe ses loisirs à la construction de petits moteurs à énergie électrique ou à vapeur dans le garage de la maison familiale.
Excellent élève, il obtient en 1902 son baccalauréat, et en récompense, ses parents lui offrent sa première moto, une Peugeot 1 ¾ CV. La machine fonctionne bien, mais nécessite souvent de pédaler au démarrage ou dans les cotes. Pour remédier à cela, Gaston imagine un mécanisme tout à fait novateur : une poulie extensible montée sur l’arbre du moteur. Au grand étonnement de ses parents, le système fonctionne parfaitement, au point qu’ils font les frais de la protection industrielle du dispositif. Le premier système de changement de vitesse automatique vient d’être créé.
Ayant choisi sa voie, c’est tout naturellement qu’il prépare à Paris le concours d’entrée à l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, dont il sort major en 1905.
Après une année de service militaire au 8ème régiment d’artillerie de Nancy, ce sont trois années d’étude à l’Ecole Centrale, dont il sort diplômé en 1910, classé 48ème sur 93.
Jeune marié avec Marguerite Walther, il achète en 1913 une usine de construction mécanique à Courbevoie, en banlieue parisienne. Là sont usinées à la commande des pièces mécaniques de grande précision, notamment pour la Cartoucherie Française.
Mobilisé comme lieutenant au 12ème régiment d’artillerie au début de la première guerre mondiale, il est appelé fin 1915 à rejoindre son usine. En effet la France rencontre alors des difficultés pour fabriquer des appareils de pointage pour le nouveau canon Mle 1897 (le fameux 75), et Gaston Fleischel est un des rares à les produire avec la précision nécessaire.
Désirant s’agrandir en 1919, le site de Bléneau est choisi en raison de nombreux éléments favorables : petite bourgade vivante située à seulement 150 km de Paris, vastes locaux disponibles le long du Loing et surtout l’existence d’une gare de chemin de fer.
L’usine emploie alors environ 50 personnes et développe entre autre le chariot-moteur Fleno adaptable sur scie à bois, pompe ou pressoir à cidre.
En 1923, parallèlement à ses activités industrielles, Gaston Fleischel reprend ses recherches sur la transmission automatique. Ses premiers essais ont lieu sur les routes de Puisaye avec une Citroën B.14 qui sera la première voiture automatique au monde.
Tout au long de ces années ce sont 25 brevets qui sont déposés en France et à l’étranger.
Mais en 1931 survient la crise et l’usine connaissant des difficultés, il faut licencier. Dès lors, il se consacre exclusivement à ses recherches, jusqu’à la création de la « Société des Transmissions Automatiques Fleischel » en 1934. A cette époque, il prospecte beaucoup à l’étranger, en Angleterre ou avec Fiat à Turin, et de nombreux articles de presse spécialisée relatent ses découvertes. En 1934 Peugeot produit à Sochaux une 402 équipée d’une boite de vitesse Cotal commandée par le dispositif Fleischel, et lors du salon de l’automobile de 1935, présente au Président Albert Lebrun une voiture équipée de sa transmission automatique.
Lors d’un voyage d’étude aux USA, des contacts sont pris avec la firme Chrysler mais sans succès en raison de difficultés techniques pour adapter ce nouveau système aux boites de vitesse américaines. Gaston Fleischel décide alors de construire sa propre boite de vitesse sur le principe des « trains planétaires », et en dépose le brevet le 20 décembre 1935. La pédale d’embrayage disparait enfin pour le conducteur !
A partir de 1937 de nombreuses études sont également réalisées en Allemagne avec l’entreprise MIAG. Ces essais donnent entière satisfaction, et MIAG décide de produire des boites de vitesse en grande série, achetant pour ce faire une usine à Francfort.
Mais la seconde guerre mondiale éclate et l’usine pilonnée, ce qui entraine la destruction des prototypes.
Au déclenchement de la seconde guerre mondiale, Gaston Fleischel se met spontanément à la disposition du Ministère de l’Armement qui l’envoie aux USA pour y organiser la fabrication de chars d’assaut. Son bateau arrive le lendemain de la signature de l’armistice, le 23 juin 1940, et immédiatement les américains saisissent tous les brevets déposés par des français aux USA, sous prétexte qu’ils proviennent d’un pays occupé par l’ennemi !
Se passent alors cinq longues années, durant lesquelles sans aucune nouvelles de sa famille, il travaille comme conseiller technique dans les services d’approvisionnement aux forces armées américaines et canadiennes.
Mais la guerre terminée, il se voit contraint de rester aux Etats Unis afin de faire face à une vaste affaire de pillage industriel menée à ses dépens. En effet, de nombreux constructeurs automobiles comme Packard ou Chrysler, avec qui il avait travaillé avant la guerre, utilisent ouvertement ses travaux.
S’en suit un long procès en contrefaçon commencé contre Packard, qui ne se termine qu’en 1953 par la reconnaissance de tous les constructeurs automobiles américains de la paternité des brevets à Gaston Fleischel et la signature d’un accord financier à minima.
De retour en France, sonne enfin l’heure de la reconnaissance et des honneurs :
- Grande médaille de la Société des Ingénieurs de l’Automobile en 1959.
- Réception par l’association des Centraux, des ingénieurs de Polytechnique et des Arts et Métiers en 1959.
- Remise du prix Giffard à l’Institut de France en 1961.
Après une vie mouvementée, difficile et douloureuse avec la perte de deux enfants, dont son fils Michel pilote de chasse tué en 1945, Gaston Fleischel décède à Nanterre en 1965 à l’âge de 80 ans.