Né le 25 octobre 1924 à Bléneau (Yonne), exécuté sommairement le 26 août 1944 à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or) ; journalier ; résistant des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) de l’Yonne.
Martial Lebois était le fils de Théophile Lebois et d’Yvonne Félicie Pajot. Il était célibataire et demeurait à Bléneau où il exerçait la profession de journalier. Dans l’été 1944, il s’engagea au sein du Maquis 1 du Service national maquis de l’Yonne.
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Le Maquis 1, créé dans les bois de Puisaye, entre Lavau (Yonne) et Bléneau, était commandé par Charles-Albert Houette (« Bréval »). Bien équipé et commandé, ce maquis exécuta en juillet et août 1944 de nombreuses opérations de harcèlement contre les troupes allemandes de la région. Après un violent combat mené dans l’après-midi du 23 août 1944 au centre du bourg de Bléneau et où fut tué le lieutenant Raymond Travers, la plupart des hommes du Maquis 1 partirent dans la soirée en camion en direction d’Auxerre.
Le lendemain après-midi, les hommes du Maquis 1 participèrent à l’entrée triomphale des maquisards venus de toute l’Yonne pour défiler dans Auxerre libéré. Craignant une attaque menée par les nombreux groupes de soldats ennemis en retraite à travers le département, les chefs des maquis présents organisèrent des postes de garde aux différentes entrées de la ville. Un détachement du Maquis 1, dont faisait partie Martial Lebois, fut chargé de la surveillance du poste de garde placé à la sortie sud-est d’Auxerre, au rond-point Sainte-Nitasse, carrefour des routes menant à Avallon et à Chablis.
Vers 19 heures, un camion arriva de la direction de Chablis, arborant une croix de Lorraine et monté par des hommes torses nus. Les maquisards de garde crurent qu’il s’agissait de résistants et laissèrent sans méfiance approcher le camion. Celui-ci fit brusquement demi-tour et ses occupants ouvrirent le feu. Le sergent Pierre Caté et deux civils, le cheminot Charles Lévy et un nommé Coutant, furent tués sur le coup et plusieurs maquisards furent blessés. Dans la confusion qui suivit, Martial Lebois fut capturé par les Allemands. Emmené en camion jusqu’à Semur-en-Auxois et torturé, il y fut pendu, le 26 août 1944, à un arbre de cette ville. Son corps ne fut découvert que le 28 août, à 13h30, au lieu-dit « Bellevue », route des Laumes, avec une pancarte pendue à son cou portant l’inscription : « Lebois Martial ». Il fut identifié par jugement du Tribunal civil de Semur-en-Auxois le 6 novembre 1945.
Il est inhumé au cimetière communal de Bléneau. Il fut homologué comme soldat des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) et DIR (déporté-interné résistant). Il obtint la mention « Mort pour la France » transcrite le 3 décembre 1945.
Le nom de Martial Lebois figure sur la stèle édifiée au rond-point Sainte-Nitasse à Auxerre, sur la stèle dite de la Coutelée, édifiée sur la commune de Lavau et rendant hommage aux morts du Maquis 1, sur le monument aux morts de Bléneau et sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.
Claude Delasselle, Jean-Louis Ponnavoy
https://fusilles-40-44.maitron.fr/?article198582
SOURCES : AVCC Caen 21P 70462. — SHD GR 16P 346920. — Gilles Hennequin, Résistance en Côte-d’Or, tome IV, Dijon, 1997. — Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée, Éd. ANACR-Yonne, 1990, p. 484. — Mémorial GenWeb. — État civil.
Extrait d'un article paru dans les « dépêches »
« Depuis le mardi 22 août 1944, au matin, Semur vivait des heures d'angoisse. L'Afrika Korps avait investi la ville, s'y était imposée en maîtresse, installant téléphone et matériel.
De suite, on s'attendait à des brimades... L'attente ne fut pas longue. Dès le jeudi réquisition des postes TSF. Cette mesure sema la colère et l'ennui. Mais ce n'était rien. Bien peu de choses en effet que la perte d'un instrument d'agrément à côté de la monstruosité qui était réservée pour le lendemain et qui fit frémir même les plus insensibles.
Une vague rumeur s'était répandue : des maquisards avaient été faits prisonniers. Jusqu'au vendredi 25, rien d'officiel, quand brusquement, à 15 heures, d'un immeuble de la rue de la Liberté, un groupe d'allemands, sortait entourant un jeune homme, presque un enfant. Il avait les mains liées ; sur la poitrine un large écriteau : « Je suis résistant, voilà mon châtiment ». Au cou, une corde était attachée…
Jusqu'à son dernier souffle et quoique presque étranglé, mêlait encore ces mots : « Les lâches », à ceux de « Vive la France! ».
Le corps de cet héroïque résistant est resté exposé deux jours, pendu à un cerisier de la route des Laumes…
En hommage, une stèle a été élevée près du cerisier tragique.
Un autre article de journal de la région de Semur apporte un éclairage supplémentaire sur cette tragédie (14 septembre 1945):
« Martial Lebois, le FFI jusqu'alors inconnu, pendu par l'Afrika Korps le 25 août 1944, à Semur, vient d'être enfin identifié. Martial Lebois n'est pas un nom de guerre, ainsi qu'on l'avait supposé, mais bien le véritable nom d'un jeune homme de Bléneau (Yonne). Ses parents, Mr et Mme Lebois-Pagot, habitent toujours à Bléneau. Un hasard a fait tomber entre leurs mainsl'article d'un journal de la Côte d'Or relatant le service anniversaire que le souvenir Français a fait célébrer le 5 septembre. La population de Semur apprendra cette nouvelle avec un grand soulagement…
Elle n'oubliera jamais, pourtant, le fier FFI mort en criant « Vive la France ! » et sur lequel elle a veillé, pieusement, pendant des mois. »
Témoignage de Jack Lignet, ancien habitant de Semur En Auxois :
« L 'après-midi du 25 août 1944, âgé de 7 ans, habitant rue du collège, seul à la maison, j'ai entendu du bruit dehors ; je suis sorti, une auto-mitrailleuse allemande descendait lentement la rue. Sur la plate-forme, un homme debout portait un écriteau sur la poitrine avec l'inscription « terroriste ». A ses côtés, un soldat muni d' un haut-parleur informait la population. Le blindé s'est arrêté devant le champ de foire face à moi, j'ai cru que le prisonnier allait descendre, mais il est reparti vers le centre-ville. Voilà ce qui est resté gravé dans ma mémoire. Le lendemain, la nouvelle circulait dans Semur : un inconnu avait été pendu en fin de soirée, à la sortie du village. »
Pour information, une enquête pour « Crimes de guerre » a été diligenté contre les tortionnaires de Martial Lebois. Depuis cet évènement tragique, un hommage lui est rendu à Semur chaque année. Une place porte son nom.
commemoration mort martial lebois
De nombreux documents sont disponibles à la bibliothèque de Bléneau. Il est possible de visionner un film de l'époque.